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.Le prochain sur la liste sera bientôt à eux.Les paris vont bon train pour deviner lequel des trois a posé le pied au mauvais endroit.Lequel des trois sera le prochain à mourir.Seul Sam Welby, le client anglais, demeure muet.Il n'a quasiment pas ouvert la bouche depuis le matin, alors qu'il parle parfaitement le français.Le Lord, tout en remontant en selle, le percute d'un regard inquisiteur ; ce comportement peu enjoué lui semble pour le moins suspect.Quelques doutes lui viennent à l'esprit.Et si.? Si ce type n'était pas un vrai client ? Mais que pourrait-il être d'autre ? Pour prendre part à ces chasses bien particulières, il faut être parrainé par quelqu'un ayant déjà participé.Malgré cela, le Lord enquête toujours minutieusement sur ses invités potentiels.Et il n'a rien trouvé de louche sur ce Sam Welby qui n'appartient pas à Scotland Yard ! Mais sait-on jamais ?L'Anglais, se sentant dévisagé, tourne la tête et caresse l'encolure de son cheval.— N'oubliez pas qu'ils sont armés, rappelle le Lord.Ouvrez l'œil !.Il ordonne de lâcher les chiens.Le cortège s'étire.Roland Margon, toujours en tête, garde un bon rythme, même s'il commence à peiner.Derrière lui, Séverin Granet, visage fermé, tête basse.Vingt mètres plus loin, Hugues et Gilles, visiblement épuisés, qui se traînent mais font leur maximum pour ne pas se laisser distancer.Soudain, Gilles s'adresse à l'aubergiste, à voix basse.— C'est quoi cette histoire qu'a balancée Margon, tout à l'heure ?— De quoi tu parles ?— Du truc qu'il sait sur toi.Ce lundi soir.— Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Mêle-toi de tes affaires !— Mais je veux juste savoir si.— J'te demande, moi, ce que tu foutais dans le coin où ils ont retrouvé la Julie étranglée ?— T'énerve pas.Hugues accélère le pas, histoire de s'éloigner du curieux.Maudite soirée du 27 avril.Il rentrait chez lui, il avait trop bu.Comme souvent d'ailleurs.L'apéro avec Margon, une énième tournée.Le gosse à vélo, il ne l'a vu qu'au dernier moment.Au moment où sa bagnole l'a percuté et envoyé dans le décor.Faut dire qu'il n'avait pas de lumière, aussi.Pas très prudent.Pas vraiment sa faute, non.Même à jeun il ne l'aurait pas vu.Après le choc, il a eu peur, ne s'est même pas arrêté.Il s'est sauvé.Minable.Le lendemain, il est allé voir Roland à la pharmacie.Il venait d'apprendre le drame.La mort du jeune garçon.Ce môme qu'il connaissait, en plus.Il s'est confié à son ami, lui a dit qu'il avait l'intention de se rendre.Margon a su l'en dissuader.Il se souvient encore précisément de ses paroles.De toute façon, le gamin, il est mort.C'est pas allant en taule que tu vas le ressusciter ! C'est pas te en sacrifiant que tu vas le ramener.Si tu vas voir les gendarmes, tu vas tout perdre.Tout ce que tu as.Hugues l'a écouté, ce salaud.Mais qui l'y a forcé ?En allant voir Margon, il savait d'avance ce qu'il allait entendre.Justement ce qu'il voulait entendre.Il avait simplement besoin de se confesser, de soulager sa conscience bien trop lourde.Et l'abbé Margon lui a donné l'absolution.Amen.Un peu plus haut sur le sentier, Séverin se retourne pour observer Junior, vérifier qu'il est toujours là.Qu'il n'est pas tombé dans les pommes ou dans le ravin.Puis il reprend son éprouvante ascension.Ce ne sont ni la pluie ni la boue qui la rendent éprouvante.Ni même l'effort physique ou les kilomètres parcourus depuis le matin.Car Séverin Granet, même s'il approche de la cinquantaine, ne craint pas de marcher des journées entières dans ses chères collines cévenoles.Dans son pays.C'est surtout pour cela qu'il apprécie la chasse.Pour ce contact direct, tactile, concret, avec la nature, les éléments, la vie.Il connaît chaque mètre carré de cette région où s'ancrent profondément ses racines.Connaît mieux que personne les paysages, les arbres, les fougères, les genêts.Les signaux du ciel, les caprices du vent, les souffrances de la terre.Les animaux peuplant ce paradissauvage, abrupt.Leurs habitudes, leurs forces, leurs faiblesses, leurs instincts.Non, ce qui rend cette ascension difficile, c'est son but.Macabre.Ce sont les questions qui le taraudent à chaque pas un peu plus violemment.Qui s'accrochent à ses basques, comme un fardeau.Or, il sait qu'il n'a pas le choix.C'est Roland qui a raison.Forcément.Roland a toujours raison, de toute façon.Granet a de tout temps éprouvé un profond respect envers lui.Un type qui a réussi de brillantes études mais a choisi de revenir au pays et qui, surtout, a gardé les mêmes habitudes, les mêmes copains.Ne reniant jamais ses origines.Déjà, quand ils étaient gosses, Séverin admirait l'intelligence de son ami.Doué dans toutes les matières, s'exprimant avec une étonnante facilité, Margon n'en était pas moins devenu un meneur, le chef de leur petite bande.Un gosse puis un ado qui plaisait aux filles, aux instituteurs, aux profs et même aux parents.Qui jouait talentueusement sur le registre de la séduction, cachant avec brio la part sombre de sa personnalité.Celle d'un être violent, cruel, cynique et brutal.Séverin a très tôt entrevu cette facette, sans chercher à la découvrir vraiment, pleinement, ne tenant pas à ce que le masque tombe.Quelqu'un capable de martyriser un animal, de lui infliger les pires tourments ; pour assouvir une pulsion, ou simplement pour s'amuser, voir la souffrance, la disséquer, l'explorer.Capable d'humilier les plus faibles, de les acculer dans leurs derniers retranchements, de les pousser dans le vide afin de les regarder tomber.Capable de manipuler son entourage avec une incroyable aisance, un aplomb à toute épreuve.Et Séverin, toujours, l'avait suivi.Simple spectateur, la plupart du temps.Complice, parfois, de ces jeux sadiques.Parce que Margon, ce n'est pas seulement ce sale type pervers et malveillant ; c'est aussi celui sur qui l'on peut compter, qu'il pleuve ou qu'il vente.C'est un mec drôle, généreux le plus souvent, plein de bon sens et de logique.Alors oui, Séverin l'a toujours suivi.Sauf à la fac bien sûr.Après le lycée, Granet est retourné travailler à la ferme familiale.Car il lui était inconcevable de faire autre chose dans la vie.Il ne nourrissait aucune autre ambition.Des mains et une âme de paysan.mais aux côtés de ses parents, il a su faire prospérer l'exploitation, diversifiant les activités, modernisant les installations, augmentant les bénéfices.Des mains et une âme de paysan, oui ; mais une intelligence terrienne, pratique, méthodique, l'ayant conduit à une belle réussite.Et une robustesse à toute épreuve.Le travail ne l'a jamais effrayé ou découragé.La rudesse de son existence non plus.Il s'est trouvé une épouse parfaite, sculptée dans le même bois que lui, courageuse et dévouée, aimant la terre, ne craignant ni le froid, ni l'inconfort, ni l'esclavage que représente ce métier.Une épouse qui lui a donné deux enfants ; une fille et un garçon, l'équilibre idéal.Qui jamais ne se plaint.Comme lui.Qui l'a soutenu sans faillir quelles que soient les circonstances.Dans ses succès, ses échecs, ses doutes.Et puis, dans sa vie, il y a Roland, toujours fidèle, malgré leurs différences.Roland, qui ne l'a jamais lâché [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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