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.Enfin, la limite de la terre et des eaux devient le lieu d’un drame où s’affrontent les attaches terrestres d’une part, et d’autre part les amarres, les remorques, les cordes mobiles et libres.« La Belle Nivernaise » d’Epstein opposait déjà, en fonction de la péniche, la solidité de la terre à la fluidité du ciel et des eaux.« Maldone » de Grémillon opposait l’organisation des racines, terre et foyer, et l’agencement du canal « homme-bateau-cheval ».Le drame, c’était qu’il fallait rompre avec les liens de la terre, le père avec le fils, l’époux avec l’épouse et la maîtresse, la femme avec l’amant, l’enfant avec les parents, il fallait se faire solitaire pour atteindre à la solidarité des hommes, à la solidarité de classe.Et, bien qu’une réconciliation finale ne soit pas exclue, le phare ou le barrage étaient le lieu d’un affrontement meurtrier entre la folie de la terre et la justice supérieure de l’eau : la démence du fils enragé dans « Gardiens de phare », la grande chute du chatelain costumé dans « Lumière d’été ».Certes, tout métier n’est pas marin ; mais l’idée de Grémillon, c’est que le prolétaire ou le travailleur reconstitue partout, même sur terre et jusque dans l’élément aérien du « Ciel est à vous », les conditions d’une population flottante, d’un peuple de la mer, apte à révéler et transformer la nature des intérêts économiques et commerciaux qui sont en jeu dans une société, à condition, suivant la formule marxiste, de « couper le cordon ombilical qui le relie à la terre10 ».C’est en ce sens que les métiers marins ne sont pas une survivance ou un folklore insulaire ; ils sont l’horizon de tout métier, même celui de la femme-médecin dans « L’Amour d’une femme ».Ils dégagent le rapport avec l’Élément, et avec l’Homme, présent dans tout métier ; et même la mécanique, l’industrie, la prolétarisation trouvent leur vérité dans un empire des mers (ou des airs).Grémillon s’opposait de toutes ses forces à l’idéal familial et terrien de Vichy.Peu d’auteurs ont aussi bien filmé le travail des hommes, mais en y découvrant l’équivalent d’une mer : même les éboulements de pierres sont comme des vagues.Ce sont deux systèmes qui s’opposent, les perceptions, affections et actions des hommes à terre, et les perceptions, affections et actions des hommes de l’eau.On le voit bien dans « Remorques » de Grémillon, où le capitaine à terre est reconduit à des centres fixes, images de l’épouse ou de l’amante, image de la villa face à la mer, qui sont autant de points de subjectivation égoïstes, tandis que la mer lui présente une objectivité comme universelle variation, solidarité de toutes les parties, justice au-delà des hommes, où le point fixe des remorques, toujours remis en question, ne vaut plus qu’entre deux mouvements.Mais c’est « L’Atalante » de Vigo qui allait porter cette opposition à un sommet.Comme le montre J.-P.Bamberger, sur terre et sur l’eau, dans l’eau, ce n’est pas le même régime de mouvement, ce n’est pas la même « grâce » : le mouvement terrestre est en déséquilibre constant, parce que la force motrice est toujours en dehors du centre de gravité (le vélo du camelot) ; tandis que le mouvement aquatique se confond avec le déplacement du centre de gravité suivant une loi objective simple, droite ou elliptique (d’où l’apparente maladresse de ce mouvement quand il se fait sur terre ou même sur la péniche, démarche en crabe, reptation ou tournoiement, mais c’est comme la grâce d’un autre monde).Et sur terre, le mouvement se fait d’un point à un autre, est toujours entre deux points, tandis que, sur l’eau, c’est le point qui est entre deux mouvements : il marque ainsi la conversion ou l’inversion du mouvement, suivant le rapport hydraulique d’une plongée et d’une contre-plongée, qu’on retrouve dans le mouvement de la caméra même (la chute finale du corps enlacé des amants n’a pas de terme, mais se convertit en mouvement ascendant) [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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