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.SiDieu n'a pas pu animer la matière et lui donner le sentiment, il faut de deux choses l'une, ou que les bêtessoient de pures machines ou qu'elles aient une âme spirituelle.Il me paraît presque démontré que les bêtes ne peuvent être de simples machines.Voici ma preuve : Dieu leura fait précisément les mêmes organes de sentiment que les nôtres ; donc, s'ils ne sentent point, Dieu a fait unouvrage inutile.Or Dieu, de votre aveu même, ne fait rien en vain ; donc il n'a point tant d'organes desentiment pour qu'il n'y eût point de sentiment ; donc les bêtes ne sont point de pures machines.Les bêtes, selon vous, ne peuvent pas avoir une âme spirituelle ; donc, malgré vous, il ne reste autre chose àdire, sinon que Dieu a donné aux organes des bêtes, qui sont matière, la faculté de sentir et d'apercevoir,laquelle vous appelez instinct dans elles.TREIZIÈME LETTRE.SUR M.LOCKE.21 Lettres philosophiquesEh! qui peut empêcher Dieu de communiquer à nos organes plus déliés cette faculté de sentir, d'apercevoir etde penser, que nous appelons raison humaine ? De quelque côté que vous vous tourniez, vous êtes obligésd'avouer votre ignorance et la puissance immense du Créateur.Ne vous révoltez donc plus contre la sage etmodeste philosophie de Locke ; loin d'être contraire à la religion, elle lui servirait de preuve, si la religion enavait besoin ; car, quelle philosophie plus religieuse que celle qui, n'affirmant que ce qu'elle conçoitclairement et sachant avouer sa faiblesse, vous dit qu'il faut recourir à Dieu dès qu'on examine les premiersprincipes ?D'ailleurs, il ne faut jamais craindre qu'aucun sentiment philosophique puisse nuire à la religion d'un pays.Nos mystères ont beau être contraires à nos démonstrations, ils n'en sont pas moins révérés par lesphilosophes chrétiens, qui savent que les objets de la raison et de la foi sont de différente nature.Jamais lesphilosophes ne feront une secte de religion.Pourquoi ? C'est qu'ils n'écrivent point pour le peuple, et qu'ilssont sans enthousiasme.Divisez le genre humain en vingt parts : il y en a dix-neuf composées de ceux qui travaillent de leurs mains,et qui ne sauront jamais s'il y a un Locke au monde ; dans la vingtième partie qui reste, combien trouve-t-onpeu d'hommes qui lisent ! Et parmi ceux qui lisent, il y en a vingt qui lisent des romans, un qui étudie laphilosophie.Le nombre de ceux qui pensent est excessivement petit, et ceux-là ne s'avisent pas de troubler lemonde.Ce n'est ni Montaigne, ni Locke, ni Bayle, ni Spinosa, ni Hobbes, ni milord Shaftesbury, ni M.Collins, ni M.Toland, etc., qui ont porté le flambeau de la discorde dans leur patrie ; ce sont, pour la plupart, desthéologiens, qui, ayant eu d'abord l'ambition d'être chefs de secte, ont eu bientôt celle d'être chefs de parti.Que dis-je! tous les livres des philosophes modernes mis ensemble ne feront jamais dans le monde autant debruit seulement qu'en a fait autrefois la dispute des cordeliers sur la forme de leur manche et de leurcapuchon.QUATORZIÈME LEITRESUR DESCARTES ET NEWTON.Un Français qui arrive à Londres trouve les choses bien changées en philosophie comme dans tout le reste.Ila laissé le monde plein ; il le trouve vide.À Paris, on voit l'univers composé de tourbillons de matière subtile; à Londres, on ne voit rien de cela.Chez nous, c'est la pression de la lune qui cause le de la mer ; chez lesAnglais, c'est la mer qui gravite vers la lune, de façon que, quand vous croyez que la lune devrait nous donnermarée haute, ces Messieurs croient qu'on doit avoir marée basse ; ce qui malheureusement ne peut se vérifier,car il aurait fallu, pour s'en éclaircir, examiner la lune et les au premier instant de la création.Vous remarquerez encore que le soleil, qui en France n'entre pour rien dans cette affaire, y contribue icienviron pour son quart.Chez vos cartésiens, tout se fait par une impulsion qu'on ne comprend guère ; chez M.Newton, c'est par une attraction dont on ne connaît pas mieux la cause.À Paris, vous vous la terre faitecomme un melon ; à Londres, elle est aplatie des deux côtés.La lumière, pour un cartésien, existe dans l'air ;pour un newtonien, elle vient du soleil en six minutes et demie.Votre chimie fait toutes ses opérations avecdes acides, des alcalis et de la matière subtile ; l'attraction domine jusque la chimie anglaise.L'essence même des choses a totalement changé.Vous ne vous accordez ni sur la définition de l'âme ni surcelle de la matière.Descartes assure que l'âme est la même chose que la pensée, et Locke lui prouve assezbien le contraire.Descartes assure encore que l'étendue seule fait la matière ; Newton y ajoute la solidité.Voilà de furieusescontrariétés.TREIZIÈME LETTRE.SUR M.LOCKE.22 Lettres philosophiquesNon nostrum inter vos tantas componere lites.Ce fameux Newton, ce destructeur du système cartésien, mourut au mois de mars de l'an passé 1727.Il a vécuhonoré de ses compatriotes, et a été enterré comme un roi qui aurait fait du bien à ses sujets.On a lu ici avec avidité et l'on a traduit en anglais l'éloge que M.de Fontenelle a prononcé de M.Newtondans l'Académie des Sciences.On attendait en Angleterre le jugement de M [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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