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.Avant la nuit, matériel et personnel étaienttransportés sans accident sur la rive droite, et le camp était établi au bord de l eau,Page 156 sur 248 Le volcan d or Jules Vernesous les frondaisons de grands pins maritimes.Les tentes dressées, on s occupa durepas du soir, toujours impatiemment attendu.Mais il était écrit que la journée ne s achèverait pas sans dramatique incident.Apeine était-on installé, que l un des Canadiens, descendu un peu en aval, reparut aupas de course, les traits convulsés par la peur.« Alerte !.alerte ! cria-t-il dès qu il fut à portée de la voix.On se releva en désordre.Seul, Summy Skim, en chasseur de profession, eut lesang-froid de saisir sa carabine.En un instant, il était debout, armé, prêt à faire feu. Des Indiens ? demanda-t-il. Non, répondit Bill Stell, des ours.»Sur les talons du fuyard apparaissait, en effet, un trio d ours de grande taille,d aspect formidable, appartenant à cette espèce de grizzlis qui fréquentent d habitudeles gorges des Montagnes Rocheuses.Ces ours étaient-ils excités par la faim ? C était probable, à en juger par leursterribles rugissements, qui eurent pour effet d affoler les bêtes d attelage.La confusion générale s en augmenta, et les trois ours furent au milieu du campavant que l on eût pris la moindre mesure de défense.Au premier rang se trouvait, par hasard, Jane Edgerton.Elle essaya de reculer, defuir, mais il était visible qu elle n en aurait pas le temps.D un bond, Summy se plaçadevant la jeune fille et, épaulant sa carabine, fit feu à deux reprises, coup sur coup.Summy ne manquait jamais le but.C était, du moins, sa prétention, qui fut justifiéeune fois de plus.Deux ours frappés au cSur tombèrent pour ne plus se relever.Il en restait un troisième.Indifférent au meurtre de ses congénères, l animalaccourait à toute vitesse.Dans une seconde il aurait saisi dans la tenaille de sesredoutables griffes le malheureux Summy désarmé.Celui-ci, décidé à vendrechèrement sa vie, prit par le canon son fusil transformé en massue et, de pied ferme,attendit.Soudain, l ours chancela.Attaqué de flanc, il lui fallait faire face à un nouvelennemi, qui n était autre que Patrick Richardson.Sans autres armes que celles dontla nature l avait pourvu, l Irlandais était venu à la rescousse et, selon les règles de lasavate la plus pure, il avait décoché dans le flanc droit de l ours un coup de pied simagistral que l élan de la bête féroce en fut brisé.L ours fit sur lui-même un quart de conversion, et, déchirant l air d un effroyablerugissement, se lança sur l audacieux qui le bravait.Les spectateurs de cette scènerapide poussèrent un cri d effroi.Seul, Patrick, ramassé sur lui-même, ne manifestaaucune émotion.C était vraiment un beau spectacle : d un côté un animal gigantesque emporté par laplus furieuse des colères, se précipitant avec l aveuglement de la brute, griffesdardées, crocs menaçants ; de l autre, un superbe échantillon physique de la race deshommes, aussi grand, aussi fort que son terrifiant adversaire, moins bien armé sansaucun doute, mais remplaçant, quelle que fût la modestie de son rang sur l échelleintellectuelle, l infériorité de ses armes naturelles par cette flamme de l intelligencedont l espèce humaine a l exclusif privilège.On aurait cru revivre une scène des temps préhistoriques, au cours desquels nospremiers ancêtres durent, par l unique force de leurs muscles, conquérir la terreinconnue et hostile.Page 157 sur 248 Le volcan d or Jules VerneCette fois encore, l intelligence devait triompher.A l instant précis où l ours allaitétouffer Patrick entre ses bras velus, celui de l Irlandais se détendit rapide comme lafoudre, et son poing vint frapper, avec la violence d une catapulte, l assaillant enplein museau.Le coup avait été formidable.L ours vacilla sur ses pattes de derrière et tombacomme une masse à la renverse.Patrick eut un petit rire mezza voce, et, sans bouger,se tint prêt à soutenir une nouvelle attaque.Elle ne se fit pas attendre.A peine tombé, l ours s était relevé le museau en sang.Ivre de rage, il se lança à corps perdu sur son ennemi.Patrick ne perdit rien de son sang-froid.Le moment favorable choisi avec un tactparfait, ses deux poings, cette fois, partirent à la volée.Le gauche, d abord, atteignitet creva l un des yeux de l animal, puis le droit revint s écraser contre le museauavec une telle violence que le sang gicla et que l on entendit le bruit sec des crocsbrisés.De nouveau, l ours tomba à la renverse et, de nouveau, Patrick attenditgénéreusement qu il se fût remis debout avant de reprendre le jeu.On n eût pas agiavec plus de loyauté dans une séance de lutte romaine.L ours, d ailleurs, se relevait moins rapidement que lors de sa première chute.Il seredressa enfin, mais pour se reposer lourdement sur son arrière-train.Il ne bougeaitplus.Il ne rugissait plus.D un air désorienté, il frottait de la patte son Sil crevé,tandis que sa langue épaisse passait et repassait sur ses babines ensanglantées.Lassé d attendre, Patrick, le poing en arrêt, fit en avant un pas que l ours fitimmédiatement en arrière.L Irlandais aussitôt avança d un second pas, puis d untroisième, tandis que l ours reculait d autant.Pendant trois minutes, cette singulièrepoursuite continua, au grand ébahissement des spectateurs.Patrick, impatienté, brusqua les choses : Désespérant d atteindre l ennemi dans saretraite, et comprenant la nécessité d une arme de jet, il se baissa pour ramasser unegrosse pierre dont l envoi, à titre d insultante provocation, ferait, sans doute, renaîtrela bataille.Il n en fut rien.En voyant le mouvement de l Irlandais, l ours ne demanda pas sonreste.La leçon lui suffisait évidemment, et il en avait assez.Se laissant retomber surses quatre pattes, il battit en retraite au petit trot, et s éloigna d un air penaud,l arrière-train peureusement contracté, en lançant de son Sil unique un regardcraintif à l adresse de son vainqueur.Quelques minutes plus tard il avait disparu sous les arbres de la forêt.Un éclat de rire homérique, accompagné d un tonnerre d applaudissements, salua cedénouement inattendu.On entoura Patrick, on le complimenta.« Merci, Patrick, dit avec chaleur Summy Skim en serrant vigoureusement la mainde son sauveur. Oui, merci, répéta Jane au géant.Merci et bravo !Patrick ne sembla pas s apercevoir de l existence de Summy.Il se tourna du côté desa jeune maîtresse qui, pour lui, peuplait la terre à elle seule. Il n y a pas de quoi, dit-il modestement.Cette bête, voyez-vous, elle ne sait pas laboxe, monsieur Jean.»Page 158 sur 248 Le volcan d or Jules VerneCHAPITRE VIOù l on touche au butSitué à peu près par 135° de longitude Ouest et 67° de latitude, le Port Mac Phersonétait à cette époque le poste le plus septentrional que possédât la Compagnie de labaie d Hudson dans le Nord-Amérique.Il commandait toute la partie de territoirearrosée par les nombreux bras qui se ramifient à l estuaire de la Mackensie sur la merPolaire Arctique.C est là que les chasseurs de fourrures trouvaient à se ravitailler, etaussi à se défendre contre les bandes d Indiens errant à travers les plaines du Haut-Dominion.Ce fort, élevé sur la rive droite de la Peel River, se tenait le plus possible encommunication avec le Fort Good Hope, bâti en amont au bord de la Mackensie [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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