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.Ainsi jugeaient les juifs sous l'oeil froid des romains.Ponce Pilate songe et se lave les mains.XX.LA MARCHE AU SUPPLICEXX.LA MARCHE AU SUPPLICE 85 La fin de SatanLa première heure allait finir quand de la geôleJésus sortit, portant une croix sur l'épaule;On avait délié les cordes du poignet;Ayant été battu de verges, il saignait;On le huait; la loi frappe, le peuple accable;La croix, démesurée, écrasante, implacable,Dont la cognée à peine avait taillé les noeuds,Etait faite d'un bois féroce et vénéneux,Et qui semblait avoir déjà commis des crimes.La foule, allant, courant, mangeant les pains azymes,Chantant, montrait les poings à Christ des deux côtésDe la route où marchaient ses pas ensanglantés;Des vierges, reflétant l'aube sur leur visage,L'insultaient, et battaient des mains sur son passage,Et riaient des cailloux déchirant ses talons;Et l'on voyait des tas de têtes d'enfants blondsAux portes des maisons, pour la fête fleuries.Quelques disciples, fronts baissés, les trois Maries,Sa mère, le suivaient de loin dans le trajet.L'oeil sinistre de Jean dans les gouffres plongeait.Le jour, blême, fuyait.L'attente était profonde.Quatre anges se tenaient aux quatre coins du monde;Ces anges arrêtaient au vol les quatre vents,Pour qu'aucun vent ne pût souffler sur les vivants,Ni troubler le sommet des montagnes de marbre,Ni soulever un flot, ni remuer un arbre.XXI.TENEBRESBarabbas stupéfait est libre.Sous les plisD'un brouillard monstrueux dont les cieux sont remplis,La ville est un chaos de maisons et de rues.Des geôliers tout à l'heure, en paroles bourruesRacontant l'aventure entre eux confusément,Ont ouvert son cachot, rompu son ferrement,Puis ont dit: Va; le peuple a fait grâce! De sorteQu'il ne sait rien, sinon qu'on a poussé la porte,Que le ciel est tout noir, que nul ne le poursuit,Et qu'il peut s'envoler dans l'ombre, oiseau de nuit.Ce choix qui fait mourir Jésus et le fait vivre,Tout ce récit, lui semble un vin dont il est ivre;XXI.TENEBRES 86 La fin de SatanIl erre dans la ville, il y rampe, il en sort,Comme parfois on voit marcher quelqu'un qui dort.Quelle route prend-il; La première venue.Il avance, il hésite et cherche, et continue,Et ne sait pas, devant l'obscure immensité;Il a derrière lui les murs de la cité,Mais il ne les voit pas; son front troublé s'incline;Il ne s'aperçoit point qu'il monte une colline;Monter, descendre, aller, venir, hier, aujourd'hui,Qu'importe; il rôde, ayant comme un nuage en lui;Il erre, il passe, avec de la brume éternelleEt du songe et du gouffre au fond de sa prunelle.Il se dit par moments: c'est moi qui marche.Oui.Tout est si ténébreux qu'il est comme ébloui.Le chemin qu'au hasard il suit, rampe et s'enfonceAux flancs d'un mont où croît à peine quelque ronce,Et Barabbas pensif, gravissant le rocher,Sans voir où vont ses pas laisse ses pieds marcher;La vague horreur du lieu plaît à cette âme louve;Or, tout en cheminant, de la sorte, il se trouveSur un espace sombre et qui semble un sommet;Il s'arrête, puis tend les mains, et se remetA rôder à travers la profondeur farouche.Tout en marchant, il heurte un obstacle; il le touche;Quel est cet arbre; où donc suis-je; dit Barabbas.Le long de l'arbre obscur il lève ses deux brasSi longtemps enchaînés qu'il les dresse avec peine.Cet arbre est un poteau, dit-il.Il y promèneSes doigts par la torture atroce estropiés;Et tout à coup, hagard, pâle, il tâte des pieds.Comme un hibou surpris rentre sous la feuillée,Il retire sa main; elle est toute mouillée;Ces pieds sont froids, un clou les traverse, et de sangEt de fange et d'horreur tout le bois est glissant;Barabbas éperdu recule; son oeil s'ouvreEpouvanté, dans l'ombre épaisse qui le couvre,Et, par degrés, un blême et noir linéamentS'ébauche à son regard sous l'obscur firmament;C'est une croix.En bas on voit un vase où plongeUne touffe d'hysope entourant une éponge;Et, sur l'affreux poteau, nu, sanglant, les yeux morts,Le front penché, les bras portant le poids du corps,Ceint de cordes de chanvre autour des reins nouées,Le flanc percé, les pieds cloués, les mains clouées,Meurtri, ployé, pendant, rompu, défiguré,Un cadavre apparaît, blanc, et comme éclairéDe la lividité sépulcrale du rêve;XXI.TENEBRES 87 La fin de SatanEt cette croix au fond du silence s'élève.Barabbas, comme un homme en sursaut réveillé,Tressaillit.C'était bien un gibet, froid, souillé,Effroyable, fixé par des coins dans le sable.Il regarda.L'horreur était inexprimable;Le ciel était dissous dans une âcre vapeurOù l'on ne sentait rien sinon qu'on avait peur;Partout la cécité, la stupeur, une fuiteDe la vie, éclipsée, effrayée, ou détruite;Linceul sur Josaphat, suaire sur Sion;L'ombre immense avait l'air d'une accusation;Le monde était couvert d'une nuit infamante;C'était l'accablement plus noir que la tourmente;Pas une flamme, pas un souffle, pas un bruit.Pour l'oeil de l'âme, avec ces lettres de la nuitQui rendent la pensée insondable lisible,Une main écrivait au fond de l'invisible:Responsabilité de l'homme devant Dieu [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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